Ce jeudi, le Limousin va être mis en lumière par le Tour de France, lors de l’étape menant les coureurs de Chauvigny à Sarran. La part belle à la Haute-Vienne et à la Corrèze donc. Et la Creuse dans tout ça ? Le territoire labellisé Terre de Cyclisme » apercevra le peloton de loin ou à la télévision, une nouvelle fois. Le 13 juillet 2004 à Guéret, heure de gloire trop rare C’est vrai que le Tour n’est pas souvent là... Pourtant, ce serait une belle fête du vélo pour un département qui adore ce sport. Vous pouvez trouver, dans chaque village, un vieux et un jeune qui parlent de vélo. Mais moi je me souviens d’avoir vu passer le Tour en 1951, quand j’étais gamin », rapporte Gilbert Peix, président du Comité départemental de cyclisme de Creuse. L’année 1951 a, en effet, marqué les premiers coups de pédale du Tour sur les routes de la Creuse. S’en sont suivis seulement dix passages. Et une seule arrivée, à Guéret en 2004. La Creuse était alors le dernier département de l’Hexagone à ne pas avoir accueilli d’étape... Et depuis ce ne sont que des passages furtifs, bien que cela tourne souvent autour. Tristes statistiques ! Poupou, Chichi... Faut-il un hommage pour attirer ? Que certains préfèrent prendre avec humour, comme lancien coureur Marc Durant – qui a atteint les Champs-Elysées à cinq reprises La Grande Boucle ne passe pas beaucoup en Creuse car c’est le Tour de la France donc on ne passe pas au centre ». Certes, mais l’on sait que le tracé s’écarte largement des frontières depuis belle lurette. Alors ? Le champion donne une autre piste non sans ironie Cette année, le Tour passe en Haute-Vienne en hommage à Poupou et en Corrèze pour Chirac. Il aurait donc fallu qu’une personnalité creusoise meurt pour qu’il vienne chez nous ? Moi peut-être ? ». Comment Sarran Corrèze s'apprête à accueillir le Tour ? août 2020 Recevez par mail notre newsletter éco et retrouvez l'actualité des acteurs économiques de votre région. Recevez par mail notre newsletter loisirs et retrouvez les idées de sorties et d'activités dans votre région. Recevez par mail notre newsletter personnalisée Terre de Sports et retrouvez chaque lundi les infos et résultats de vos sports favoris. Mine de rien derrière la bonne blague pointe un vrai problème le manque de poids de la Creuse pour peser dans les négociations avec Amaury Sports organisation ASO, la grosse machine où tout se décide. Poids financier d’abord. Pour accueillir le Tour en 2004, euros ont été déboursés. Dans les archives de 2004 Alors président du Département, Jean-Jacques Lozach se rappelle Nous avions coupé la part en trois avec un financement via le Département, la Région et la Ville de Guéret. C’est toujours un risque financier car il est difficile de quantifier les potentielles retombées économiques. Même si en terme d’image cela reste un joli coup de projecteur ». Objectif plus ou moins avoué une arrivée en 2023 Guéret, la ville étape, avait sorti euros de sa poche. Michel Vergnier, qui était député-maire se souvient combien il avait fallu batailler pour en arriver là. Et insiste aussi sur le poids des hommes dans ces décisions Ce fut vraiment un long combat. J’avais demandé plusieurs fois à Jean-Marie Leblanc, alors directeur du Tour, d’amener le peloton à Guéret qui était la dernière ville-préfecture de France métropolitaine à ne pas avoir accueilli une étape hormis la Corse. » J’ai réussi à le convaincre. C’est avant tout une affaire d’hommes et de contacts humains. Les organisateurs ne vont pas spontanément venir vers nous pour faire le tracé. Michel Vergnier De ce 13 juillet 2004, Jean-Marie Leblanc garde lui aussi un précieux souvenir. Il parle ainsi de la Creuse en 2015 dans Le Grupetto Nous n’étions pas allés à Guéret, tout simplement parce que cette grosse machine du Tour de France ne pouvait pas s’y arrêter. J’ai encore en mémoire l’émotion du maire de Guéret, le jour de cette étape. Dans la réception d’après-course, il avait les larmes aux yeux de bonheur. Donc nous étions très émus aussi. Je considère que le Tour avait rempli sa mission, d’être allé à la rencontre d’une région, d’une ville, où il n’était jamais allé ». Des grosses finances, beaucoup de volonté, les bonnes relations humaines voici donc tout simplement ce qui a manqué depuis lors à la Creuse pour réitérer. L’envie d’avoir envie et un pot commun. Seize années où les Creusois ont regardé passer le Tour en coup de vent ou chez les voisins. Et déjà neuf ans où il n’a même pas fait un kilomètre sur ce qui est pourtant une “terre de vélo”. Il serait plus que temps de se refaire la cerise, comme dit le jargon du peloton. Et cela à la faveur d’un vent qui semble bien avoir tourné ces dernières années. Oui, il n’y a sans doute pas eu la motivation générale de la part de toutes les collectivités territoriales. Il y avait d’autres priorités. Mais, aujourd’hui, tous les feux semblent au vert », lâche ainsi Laurent Daulny, conseiller départemental en charge des sports. Lui-même grand amateur de vélo et hôte du fameux Critérium de Dun, il va même plus loin en précisant que la capacité financière pour accueillir une nouvelle fois le Tour sera concrète dans les deux à trois prochaines années L’Etat pourra nous soutenir financièrement dans le cadre du Plan Particulier pour la Creuse. Puis le Département et les collectivités suivront. On pourra donc faire acte de candidature auprès d’ASO. » Evaux-les-Bains accueille le Tour du Limousin... avant le Tour de France ? août 2020 A moins qu’elle ne soit déjà en partie lancée ? Gilbert Peix ambitionne d’accueillir sur ses terres l’assemblée nationale de la fédération française de Cyclisme FFC dans un futur très proche. Ce qui serait un bon signe avant-coureur. Il faut y aller étape par étape et se placer sur l’échiquier national », explique-t-il prudemment avant de caresser 2023 pour l’obtention d’une étape du Tour. Cette date-là, circule largement dans le peloton des acteurs creusois car elle sonne particulièrement bien pour le département. Evidement. En outre, elle s’articule très bien avec les JO de Paris 2024 pour lesquels la Creuse souhaiterait accueillir des préparations, de cyclistes notamment. Alix Vermande et Floris Bressy Le Tour en Creuse morceaux choisis • 1951. Limoges-Clermont, toute première fois Quelques années après la guerre, le Tour décide de s’écarter des frontières de l’Hexagone pour pénétrer au coeur de la France. Du Val de Loire à la Chaîne des Puys se trouvent Limoges et la Creuse, traversée de part en part le 11 juillet via la N141. Le maillot jaune est détenu par Roger Lévêque et l’étape revient à Raphaël Géminiani. • 1985. 1990. années Vassivière Après l’avoir éffleuré pendant des décenies Limoges fut même grand départ en 1970, le Tour revient enfin en Creuse avec un contre la montre autour du lac de Vassivière. Le circuit s’impose comme un classique du Tour qui revient tous les cinq ans. Des routes très techniques, une boucle magnifique. Qui revêtent d’autant plus d’importance que c’est veille d’arrivée à Paris. Le Tour se joue souvent là. En 85, LeMond remporte sa première victoire d’étape et Hinault entérine son cinquième et dernier maillot jaune. C’est ici que LeMond chipe la tunique à Chiappucci en 90. Et c’est encore là qu’Indurain rejoint le club des 5 maillots jaunes en 95. • Châtre-Brive, et toute une affaire Vraiment pas la meilleure année pour le Tour. Mais une belle étape pour la Creuse qui le voit défiler du nord au sud Genouillac, Guéret, Pontarion, Bourganeuf... O’Grady est en jaune, Cipollini remporte l’étape. Mais les têtes sont ailleurs ce même jour, le directeur sportif de Festina passe aux aveux, entraînant l’exclusion de toute l’équipe dès le lendemain. Grosse ambiance... • 2004. Saint-Léonard - Guéret, chez les oubliés C’était, déjà, vu comme un hommage à Poupou. Le retour aux origines du champion, une étape à 90% creusoise et l’arrivée à Guéret, oubliée jusqu’alors. Millevaches est à l’honneur, puis ça zigzague de Felletin à Ahun en passant par Aubusson et Pontarion. Final endiablé sur Guéret après une chute sur les terre-plein de Sainte-Feyre, le peloton rattrappe les échappés quelques secondes avant la ligne d’arrivée à Cher-du-Prat, et consacre la victoire de McEwen au sprint pour quelques centimètres devant Hushovd et O’Grady. On en oublierait que c’était encore Voeckler le maillot jaune. • 2009. Limoges-Issoudun pour la fête nationale C’est la dernière fois que le Tour s’est attardé dans le département Bénévent, Montaigut, Guéret, Bonnat... 70 km sur 194 au cours duquel trois français échappés font le show Hupond, Vaugrenard, Dumoulin pour la fête nationale avant d’être repris pour un sprint final qui reviendra au maillot vert Cavendish.